Journal 17 avril 2018

Cuba: Tengo un amigo. La suite.

On est là, Havana!

Par Marily Nolet

Cuba: Tengo un amigo. La suite.

On est là, Havana!

On va se promener en ville, y’a tellement d’actions!! On est lundi soir, mais c’est à s’y méprendre. Les taxis à vélo, les autos des années 50, les mobylettes, les piétons… c’est la loi du plus gros. Regarde bien où tu vas!

Malgré tout ce brouhaha, tout le monde semble décontracte, on dirait qu’ils se connaissent tous! Pour nous, ce soir, ce sera assez. On mange un peu et on va se coucher, le foie qui fait des soubresauts.

On se réveille, juste en-face de notre fenêtre de chambre, un cours de salsa cubaine (j’imagine). Un déjeuner à deux, 5 CUC. Roberto nous cuisine un oeuf, nous donne un smoothie, des fruits, des légumes, du café. On essaye de repartir en forme.

Ces quatre jours à la Havane ont été de montagnes russes. Cette ville à l’architecture coloniale est impressionnante, magnifique. Les Cubains sont si beaux, mais la culture du « cat-call », honnêtement, je n’en pouvais plus.

« Ladies », « Hermosa », « Linda », « Where are you from? », « Want a Cuban boyfriend? ». Au moindre « eye-contact », c’était parti. Je me sentais agressée, sans jamais n’être touchée physiquement.

C’était difficile de ne pas pouvoir créer une relation d’égal à égal. Être une touriste avec du cash et dépenser avec des CUC et non des CUP. Alors que tout ce que je voulais, c’était comprendre comment ils vivaient, qui ils étaient, ce qu’ils en pensaient, qu’on échange sur nos vies respectives. J’ai eu un choc. Les inégalités me puent au nez, me donnent la nausée.

Maintenant, j’ai un nouveau plan! Je veux vraiment apprendre l’espagnol, comme il faut! Je veux y retourner pour plus longtemps. À la fin de notre court séjour, j’ai sentie une petite brèche quand mon espagnol a pris du mieux et que ma peau a brunie.

Les Cubains ont une lumière au fond des yeux, je n’ai pas vu de misère, je veux comprendre. Par contre, comme leur économie est basée sur le tourisme et que tout est mis en place pour nous séparer des locaux, c’est difficile de percer. En même temps, c’est probablement grâce à cela que ce système peut continuer d’exister.

On a visité le musée des comités de défense de la révolution avec une guide qui parlait espagnol et Majo qui me traduisait, c’était très intéressant. Je me demande vraiment comment la révolution est perçue ici, 50 ans plus tard, est-ce que les gens y croient toujours? Malgré l’immigration massive des Cubains vers les États-Unis? Je me pose énormément de questions. Je ne vous cacherai pas que tout au fond de moi, je veux y croire, « Socialismo o muerte ».

Sinon, le musée des beaux-arts m’a fait rêver, et me donne encore le goût de devenir photographe, d’écrire des histoires, de créer, de diffuser. C’était inspirant.

On a vu aussi la plaza de la revoluciòn. C’est tellement hors de l’ordinaire de voir des figures comme José Martì ou le Che, prendre autant de place, avec des discours aussi engageant « Hasta la victoria siempre »! Tellement loin de notre réalité où les idéaux semblent avoir disparus. Là, c’est vivant, c’est vrai, c’est vif. C’est criant, partout.

Pour revenir en ville, on prend un taxi: une décapotable rose, on se la joue touriste à fond! Anyway , pas question de marcher pour le retour, c’était vraiment loin!! Le but était de se rendre à la compagnie d’autobus Viazùl (encore plus loin): CANCEL!

De retour en ville, on va à l’info-touristique qui veut nous renvoyer à Viazùl pour l’achat de nos billets d’autobus pour Varadero, on se regarde et on lui dit: « T’as pas une autre solution? »

« Ah, sì! Tengo un amigo! » Évidemment! Viva Cuba!

Un chauffeur, Henry, viendra nous chercher le lendemain matin, il faut être prête à 8am devant notre porte. C’est à peine plus cher que le bus!

Ça a tellement valu la peine!!

8:15am: Auto des années 50, valises sur le top attachées avec une corde, au coin de notre rue, il recule. (C’est un one way. )

« Majorie, Marily, Varadero. »

« Sì! » (En coeur)

On met nos sacs dans le coffre. On a le luxe d’être devant. Au fond, trois Allemands sont collés les uns sur les autres. Hola! Gutendag! On repart, on a trois autres personnes à aller chercher.

Ils sont en retard, Reyne s’impatiente un peu. (Finalement, Henry ne pouvait pas, alors voici Reyne, son ami.) Ils finissent par arriver tranquillement pas vite. Pura vida! Quarante minutes plus tard, trois Costa Ricains dans la cinquantaine s’installent sur la banquette du centre. Ils sont hilarants!

Reyne: » Le voyage prend en moyenne entre 1h30 et 2h30 dépendamment de la police… »

Ne bouclez pas vos ceintures, mettez vos lunettes soleil, montez le son! En route, mauvaise troupe!

Il fait beau, il fait chaud, je baisse la fenêtre, les cheveux dans le vent, les montagnes, la mer, je me sens bien.

Après une heure, la police nous dit de se tasser sur le côté, Reyne sort avec les papiers, c’est long. Il revient. Todo bien? Sì, todo bien, un poco mal.

Personne ne rallonge le discours, on se remet en route.

Quelques kilomètres plus loin, un autre taxi s’ajuste à notre hauteur et nous dit par la fenêtre qu’on a un pneu qui perd de l’air. Effectivement! On s’arrête, tout le monde descend et Reyne change la roue.

Quatre heures plus tard, tout près de notre destination, Reyne nous demande notre adresse. On n’en a pas, on trouvera sur place. Vous me voyez venir, n’est-ce pas? Et oui, Reyne nous lance: « Tengo un amigo… »

Il nous amène chez Martha, une sympatique màmmà! Elle n’a plus de places, alors c’est Daymaris qui nous prend chez elle, en fait, c’est un peu la même maison, c’est une demeure faite en « L », bref! Notre plus belle chambre jusqu’à maintenant! Avec une terrasse, situé en plein coeur de la petite ville. Muchas gracias Reyne!

Pour terminer en beauté, les deux derniers jours du périple, j’ai fait une indigestion. J’ai été bien tranquille et j’ai bu de l’aqua tonicà. J’ai suivi les judicieux conseils de Daymaris.

Elle nous a raconté qu’à Cuba, ils avaient du mal à avoir des médicaments alors c’est ce qu’ils buvaient pour aller mieux, effectivement, ça m’a fait beaucoup de bien!

Pour le retour en taxi vers l’aéroport, Daymaris avait un amigo qui nous y a amené pour 11 CUC de moins qu’à notre arrivée. Yeah!

Le soleil et la chaleur me manqueront! J’étais prête à ce que ce soit l’été, malheureusement, le ciel de Québec en a décidé autrement, je devrai faire preuve de patience.

J’ai l’impression qu’en à peine 9 jours, j’ai vécu toutes les phases d’un long voyage. Je n’en reviens pas reposée, mais ça m’a fait du bien l’aventure, le 0 wifi, la découverte!

Voyager, c’est la vie! Et, Cuba, on se reverra!

Marily Nolet
Marily Nolet

Émerveillée et attentive, j'écoute la vie comme je la raconte.

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