Journal 14 octobre 2018

Iqaluit - Anurijualuk

Première tempête de vent. Bienvenue à Iqaluit Marily.

Par Marily Nolet

Iqaluit - Anurijualuk

Hier, 4 octobre 2018 :

Première tempête de vent. Bienvenue à Iqaluit Marily.

À ce qu’il paraît c’était les pires vents depuis des années. Ils ont atteint jusqu’à 140 km/h. La maison tremblait, par là, je veux dire, l’eau des toilettes tournoyait, les meubles valsaient discrètement de gauche à droite.

Ce matin, la ville était fermée toute la matinée. Il y avait des morceaux de toits un peu partout et des pare-brises, des fenêtres ont été brisées. Les voisins étaient dehors et parlaient de leurs dommages collatéraux.

J’imagine que c’est une préparation au blizzard qui m’attende cet hiver. Je dois dire que ces vents entendus de ma chambre m’ont paru familiers, je me sentais à Buckland pendant une tempête de vent du Sud, j’ai dormi comme une bûche. 😉

Alors voilà, je suis là depuis 2 jours et demi maintenant. Ça a été tellement vite. Je ne comprends toujours pas ce qui m’est arrivée. Je marchais pour revenir « chez moi », sur le plateau. (J’habite, pour l’instant, avec la famille de ma boss, ils sont super accueillants! C’est une famille du Québec et ils sont ici depuis un an et demi.) J’étais de retour du travail, du centre-ville. J’étais perdue dans ma tête; je profitais de ce premier moment complètement seule depuis que je suis ici. Je me questionnais; qu’est-ce que je fais ici? Non, mais c’est vrai. J’ai reçu tellement d’amour avant de partir, j’en suis encore sous le choc. J’étais bien chez moi, j’étais bien entourée, je riais, je m’amusais. Pourquoi je pars tout le temps?

Pourtant, je réalise une seconde où je suis et j’ai des vibrations partout dans mon corps. Je prends conscience que cette attirance pour l’inconnu est si forte que, parfois, elle me fait mal.

Ce soir, je le sens. J’aurai une adaptation à faire et c’est ce que je recherchais. Par contre, je me demande quand même ce que je suis venue chercher ici. D’un autre côté, j’ai l’impression de marcher sur de la poussière d’étoiles, je me sens plus près du ciel. Mon cœur est léger, je respire à plein poumon. Je me sens vivante.

Un chien jappe, je sursaute.

J’en viens à l’évidence, je suis une femme de contraste.

Je poursuis ma route, un pied devant l’autre.

Je regarde au loin, le chemin continue dans la toundra, il n’y a désormais plus de maisons et je suis seule. La nuit tombe et je me dis : Si je m’éloigne de la ville, c’est une possibilité qu’un ours polaire apparaisse, c’était un drôle de sentiment. J’ai reviré de bord. Un autre jour, peut-être.

Mes premières impressions d’Iqaluit : Une ville avec un esprit de communauté qui semble extrêmement présent. C’est magnifique; une vue sur la mer, sur la neige, complètement irréelle, de l’art et de la couleur sur le gris citadin. Une ville en construction/évolution constante. Un mélange des cultures à découvrir. Je ne comprends pas ce qui m’entoure, je suis à l’aise et déstabilisée,  l’histoire du Grand Nord sera à suivre.

Demain, je vais visiter une chambre « downtown », j’espère que ce sera bien. J’aimerais pouvoir commencer à m’installer doucement pour la prochaine année.

Malgré tout, je dois me rappeler de ne pas aller trop vite. Je peux me laisser valser dans les événements, tournoyer dans les vents du Nord, emporter dans les regards perçants, bercer par les rires, les chants et les pleurs des alentours. J’ai un an pour arriver, pour profiter, pour apprendre, une chose à la fois.

Marily Nolet
Marily Nolet

Émerveillée et attentive, j'écoute la vie comme je la raconte.

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