Journal 16 septembre 2019

Retour - Dix ans déjà.

L’apport de mes grands-parents dans ma vie d’enfant et ma vie actuelle. Le triste sort des personnes âgés dans notre société de surconsommation. Se rendre compte de la force de l’expérience et de la sagesse au niveau collectif, la vitesse et la production, ce n’est pas tout.

Par Marily Nolet

Retour - Dix ans déjà.

Retour en 2015

Cette année, ça fait dix ans que mes grands-parents paternels ont fermé leurs yeux pour la dernière fois.

J’ai envie de dire : « Déjà! Le temps est passé comme une étoile filante. »

Pour moi, il faut dire que je les sens encore tout près. Quand une personne entre dans ton cœur, elle y reste. Je pense à toutes les fois où je leur ai demandé de me secourir quand j’étais (encore) dans une histoire pas possible, ou quand j’avais simplement besoin de me confier; toujours, ils étaient à l’écoute. De plus, comme ils sont partis assez tôt dans ma vie, je me sens presque plus proche d’eux maintenant qu’auparavant, je leur parle souvent sans contrainte et ça me fais du bien.

Parfois, j’aimerais qu’ils soient encore là, et ça me rappelle la valeur d’avoir des grands-parents et des personnes d’expérience près de nous. C’est une richesse. Ils ont vécu quatre fois ma vie entière. Sérieusement, on va se le dire; juste entre hier et aujourd’hui je ne suis plus la même, pis entre l’année passée et cette année, on n’en parle même pas.

À quel point c’est incroyable toute la sagesse qu’ils ont accumulée? Certains pourraient rétorquer : « Ouin , mais ils sont complètement dépassés, ils ne comprennent rien au monde d’aujourd’hui ». Dans ma tête : « Peu importe la technologie qui a changé, 80 ans de vie, c’est 80 ans de vie! » Ce n’est pas à négliger. Ils ont une connaissance inouïe à nous apporter.

Ils sont là à côté, mais nous, on s’en fout. On les met dans des centres pour qu’ils se racontent leurs histoires entre eux parce que nous on est ben trop occupés à faire rouler le système, à produire plus, toujours PLUS. Quand est-ce qu’on est considéré vieux dans notre société? Quand on n’est plus productif, quand on ne contribue plus à l’économie. C’est ça qui distingue un vieux d’un jeune.

On est tellement rendu ancré dans la société de consommation, qu’on gère nos proches de la même façon, c’est-à-dire comme un bien dont on essaye de se débarrasser sans que ça ne paraisse. Comment en sommes-nous arriver là?

À vouloir rester jeune à tout prix, à avoir honte de nos rides : crème anti-âge, fitness, chirurgie, à quoi ça rime?

En réalité, ce que j’en pense : les rides sur ton visage sont magnifiques, elles sont le reflet de tout le chemin parcouru, de tous les sourires échangés, de toutes les fois où tu as pleuré, où tu as été en colère, où tu as été fière, où tu es tombé, où tu as appris à te relever. C’est là dans les sillages que le temps a creusé sur ta peau et personne d’autre n’a les mêmes, parce que c’est toi, dans toute ta splendeur.

Il fut un temps où l’on écoutait la sagesse, les premiers à parler c’était eux, on avait du respect. Maintenant, tout cela a perdu son sens, on les laisse « radoter », sans y porter la moindre attention. Je crois à un mélange des générations, à un partage des connaissances. Il faut s’ouvrir les uns aux autres, sortir du carcan dans lequel la société moderne nous a enfermé.

Dans le moment, on ne voit que le mode de vie voulant que l’on travaille pour enfin atteindre la retraite; et après, pour finir où? Dans un centre pour personnes âgées à manger de la bouffe qui goûte rien; anyway y goûtent pu rien à c’t’âge-là . Non, mais c’est sérieux; ça vous rend heureux? Je vous le rappelle, on va tous devenir vieux, l’âgisme ne fait aucun sens.

Alors, je vous lance la question, pourquoi ne pas inverser la tendance? Pourquoi ne pas ralentir?

Ralentir une fois pour toute afin de prendre les bonnes décisions, arrêter cette obsession de l’heure et prendre le temps que cette horloge nous laisse au lieu de lui courir après.

Bref, ça fait dix ans que mes grands-parents sont partis et je me souviens encore très bien de toutes les histoires qu’ils me racontaient : des mises en garde, des fous rires, des tapes dans le dos, etc. J’étais toute petite et leurs paroles avaient de la valeur, je les trouvais beaux, impressionnants et je le pense toujours.

Donc, allez voir vos grands-parents et profitez de leurs présences, simplement parce qu’ils sont là, tout près. Ils sont si heureux d’entendre le son de votre rire quand vous débarquez sur le pas de leurs portes.

Tant qu’à y être, ouvrez donc vos oreilles. Vous pourriez être surpris de tout ce qu’ils ont vécus.

Si la jeunesse fait vivre, la vieillesse fait réfléchir.

Marily Nolet
Marily Nolet

Émerveillée et attentive, j'écoute la vie comme je la raconte.

Rechercher rily