Journal 04 avril 2020

« À tous les Canadiens à l'étranger, c'est le temps de rentrer à la maison. »

Le virus de la COVID-19 se propage, de la Chine vers l’Italie, puis chez nous. Il a fallu prendre une décision difficile. Nous avons décidé d’écouter notre Premier ministre et d’acheter nos billets de retour vers le Canada. Sur la route des airs, c’est un environnement hostile qui nous attend. Malgré tout, nous avons été prudents, et disons-le chanceux. Si j’avais les ailes d’un ange, je partirais pour Québec! Nous revoilà, on atterri à la maison. On arrive en plein temps des sucres, ce qui veut dire qu’après notre isolement on pourra aller se lécher les babines à la cabane Coco-Nono. La vie, parfois!

Par Marily Nolet

« À tous les Canadiens à l'étranger, c'est le temps de rentrer à la maison. »

À peine quelques semaines plus tard, on se retrouve tous globalement dans un trou noir sans durée déterminée. Les plans en voie de réalisation ont pris le bord et maintenant je suis de retour à Buckland.

Le virus se propage

On le sait déjà depuis un bout que le virus arrive; Christopher le suit depuis le mois de décembre en Chine et je pensais sincèrement qu’il paniquait pour rien. Malgré tout, dès la fin janvier, on a commencé à faire des réserves de nourriture et on a acheté une petite bouteille de purell pour la forme. Je trouvais ça quasiment drôle, nous qui étions plutôt du style à aller à l’épicerie chaque jour. Puis, le COVID-19 a fait son entrée dans le monde occidental, ça a commencé par éclater en Italie, et vous connaissez la suite.

À la mi-mars, en l’espace d’une semaine, on ne dormait plus, on suivait l’actualité comme jamais et on écoutait les points de presse de Justin.

Je veux être clair : À tous les Canadiens à l’étranger, c’est le temps de rentrer à la maison.

–Premier ministre Justin Trudeau

Des questions se sont mises à bourdonner encore plus intensément :

  • Notre maison est ici en Estonie, on peut s’isoler, on est capables.
  • Combien de temps ça va durer?
  • Est-ce que le plan pour l’Italie est à l’eau?
  • Ça y est, on n’a plus d’assurances médicales.
  • On n’a aucun support familial ou amical ici, tous nos amis sont partis.
  • Et si l’un de nous tombait vraiment malade ou les deux?
  • Je ne veux pas aller dans un hôpital en Estonie.
  • Qu’est-ce qui nous retient ici?
  • Est-ce qu’il y a encore des vols internationaux vers le Canada?
  • L’économie après (quand?) cette pandémie ça ressemblera à quoi?
  • Et si notre famille tombait malade… Ça vous donne une idée du niveau d’anxiété qui nous habitait même si on allait prendre nos marches quotidiennes en plein air. Des marches qui ressemblaient plus à un film apocalyptique où tu t’attends à la sortie d’un zombie au prochain coin de rue.
Rue

Billets de retour

C’est ainsi que bon an mal an, le mercredi 18 mars, nous avons pris la décision de rentrer en ne sachant pas si nous allions revenir. On a acheté nos billets one-way pour le samedi 21 mars vers Francfort, on y a dormi une nuit et le lendemain 22 mars, on s’envolait vers le Canada avec nos quatre valises.

Entre le 18 mars et le 21 mars, ce fut une course contre la montre. Faire le ménage de nos vêtements, de nos papiers, de nos livres, de nos manteaux, de nos bottes, etc. Qu’est-ce que je ramène? Quatre valises, ce n’est pas gros. Le reste, on le met dans des sacs de poubelles noirs, au cas où. On frotte, on met tout beau, au cas où. On va porter le recyclage, on sort toutes les poubelles; on vide le fridge. On laisse derrière tous nos meubles et biens soigneusement choisis à peine huit mois plus tôt.

Bureau
Salon
Sauna
Sacs
Cuisine

À travers tout ça, heureusement, quoiqu’un peu tristement, j’ai réussi à annuler ma session sans frais vues les circonstances extraordinaires. Par contre, Chris a encore ses cours en ligne, et hop, un petit stress supplémentaire.

Le 21 mars en fin d’après-midi, on prend un Bolt vers Lennujaam , l’aéroport de Tallinn.

Valises
Rue
Last bye

Sur la route des airs

Heureusement, notre voyage s’est bien déroulé; les aéroports étaient quasiment vides et nous n’avons eu aucun problème à passer les douanes. On a gardé nos distances le plus possible et lavé nos mains régulièrement. Nous avons pris l’un des derniers vols réguliers entre Francfort et Montréal, nous sommes partis juste à temps.

Pour notre vol transatlantique, nous avons même eu trois sièges juste pour nous dans un avion high-tech avec des agents de bord arborant le masque et les gants.

À Montréal, on sent que l’atmosphère par rapport à la COVID-19 n’est pas aussi alarmiste qu’en Europe, mais ça ne tardera pas, un petit deux semaines, et nous serons dans le même bateau.

Québec

En atterrissant à Québec, nous sommes soulagés quoiqu’un peu triste; nous n’étions pas prêts à revenir. Mes parents sont là, je suis contente de les voir! C’est bizarre de ne pas pouvoir se serrer dans nos bras, ils ont même du push-push pour désinfecter nos valises. On ne touche à rien et on s’assoit loin à l’arrière de la van. À Buckland, on restera pour quatorze jours dans la maison familiale actuellement inoccupée où mon père a grandi.

C’est réconfortant de revenir aux sources, de voir les montagnes, de manger du kraft dinner et de boire du ginger ale , vive le Québec. Ça fait du bien d’avoir un réseau sur lequel nous pouvons compter. Dans les temps à venir, il va falloir se serrer les coudes, et faire une grande place à l’humanité dans notre quotidien.

Conclusion

Au moment où je vous écris, on a presque terminé notre isolement. Au moins, nous sommes ici pour la belle période du printemps; la tire, les bourgeons et le soleil qui nous chauffe la couenne. C’est le premier temps des sucres de Christopher. On va essayer de tirer le maximum de ce changement de direction, on va s’adapter. Premièrement, prendre une bonne inspiration et expirer encore plus longtemps dans le creux de notre coude. Nous sommes bien contents de pouvoir vivre notre confinement en campagne plutôt qu’en ville! Je vous tiens au courant des nouveaux projets à venir en temps et lieu, qui sait ce que sera la suite?

Et moi qui pensais que l’année passée avait été rock’n’roll… 😉

Marily Nolet
Marily Nolet

Émerveillée et attentive, j'écoute la vie comme je la raconte.

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