Philosophie 18 mai 2021

Explorer Walden : La charité

Le prochain article portera sur le concept de charité; il est le deuxième d’une série d’articles portant sur des citations inspirantes provenant du livre Walden d’Henry David Thoreau.

Par Marily Nolet

Explorer Walden : La charité

Walden a été publié aux États-Unis en 1854, il est le résultat des années que Thoreau a passé dans la cabane qu’il a construite lui-même à écrire et à observer la nature. Il s’agit de l’histoire d’un homme solitaire et autonome dans les bois de la Nouvelle-Angleterre. Ce livre original nous parle d’abandonner nos vies de désespoir silencieux et de retourner à la nature.

Lire Thoreau m’a fourni des conseils considérables sur la vie et grâce à cette série d’articles, je vais essayer de vous partager mes remises en question.

*Les citations suivantes sont traduites de l’anglais au français au meilleur de mes capacités.

La charité

Le concept de charité est une valeur nous venant du christianisme et d’autres religions. La charité est une façon de prendre en charge la pauvreté dans la société; une solution à notre sentiment de culpabilité collectif. Elle est bien intégrée à nos institutions et à notre manière d’interagir avec les autres.

Assurez-vous de donner aux pauvres l’aide dont ils ont le plus besoin, même si c’est votre exemple qui les laisse loin derrière.

–Henry David Thoreau, Walden

Je trouve que cette citation illustre bien l’interconnexion entre la charité et la pauvreté. La religion nous a appris à être charitables et cette citation met en lumière le fait que nous pouvons suivre les commandements intégrés en donnant aux gens dans le besoin, cependant, ce qui a le plus de répercussions, c’est notre façon de vivre, notre exemple.

Même si Thoreau a écrit son livre à la fin du 19e siècle, ce concept d’aide est encore très présent aujourd’hui. On le retrouve en force dans le concept du néo-colonialisme. Ma définition rapide et libre du néo-colonialisme irait comme suit : je vais t’aider parce que je suis civilisé et mieux adapté au monde globalisé; regarde-moi c’est comme ça qu’on fait les choses à présent. Même si cette fameuse aide est donnée avec la meilleure des intentions, une relation de dépendance se développe et finit par privilégier surtout les riches.

La charité a ses limites et que nous aimions cela ou pas, c’est une façade la plupart du temps. Souvent, les gens et les gouvernements vont donner de leur argent ou de leur temps pour se valoriser et bien paraître, plutôt que pour vraiment éliminer la pauvreté. Ne me méprenez pas, nous devons apporter du soutien aux gens dans le besoin; la charité joue un rôle primordial dans l’équilibre de nos communautés.

Toutefois, la question demeure : à quel point la charité aide vraiment les pauvres et le cœur de notre vie en société? La question est, à mon avis, très pertinente, car si le but est d’éliminer la pauvreté, je pense que, comme Thoreau le mentionne, nous devrions, d’abord, tous regarder comment nous vivons et quelle est notre incidence personnelle sur la société.

On aurait dit que même les prophètes et les rédempteurs étaient plus prompts à consoler les peurs qu’à confirmer les espoirs de l’homme.

–Henry David Thoreau, Walden

Ici, je veux explorer le concept de la charité en parlant de comment cette façon de remédier à la pauvreté tend à consoler les peurs plutôt qu’à confirmer les espoirs. Je trouve qu’à travers la relation de dépendance—qui ne donne aux pauvres que le strict nécessaire pour survivre —la charité amplifie la réalité d’une vie dans la peur et d’une perte de pouvoir, plutôt que d’encourager et de poursuivre l’espoir d’un meilleur lendemain.

En effet, pour garder un certain contrôle, nos institutions utilisent la peur et agissent de manière paternaliste. Nos institutions prennent des décisions et propagent des idées de leur tour à bureaux pour aider les démunis, avec la meilleure des intentions, mais elles sont malheureusement souvent déconnectées de la réalité. Et si nous demandions aux gens ce dont ils ont besoin pour se sentir en sécurité plutôt que de leur imposer une supériorité morale? Enfin, je me demande ce qui arriverait si, à la place, nos institutions utilisaient leurs positions de leadership pour encourager la population à travailler ensemble vers un monde harmonieux plutôt que de les garder dans la crainte du pire à venir.

Cela va sans dire, l’espoir et la peur sont deux émotions puissantes. J’imagine qu’il y a un équilibre à atteindre entre les deux. Toutefois, je crois que même comme simples individus, nous pouvons reprendre le pouvoir sur nos vies et choisir ce qu’il y a de mieux pour nous, nous au sens de moi et de la communauté. Peut-être qu’à partir de cette confiance renouvelée, nous serions plus exigeants envers nos institutions et arrêterions d’être aussi dépendants des façades de charité.

Conclusion

Voilà mes pensées sur le concept de la charité à la suite de ma lecture de Thoreau. Comme vous pouvez le constater, cette lecture m’a forcé à aller au-delà de mes conceptions. Malgré ce portrait un peu sombre, je continue d’espérer qu’un jour nous vivrons en harmonie, et que tous auront accès à ce dont ils ont besoin. Néanmoins, maintenant, je comprends que pour réaliser ce rêve nous devons remettre en question des concepts acquis.

Marily Nolet
Marily Nolet

Émerveillée et attentive, j'écoute la vie comme je la raconte.

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